L’histoire de Porsche en compétition a toujours été un imbroglio d’équipes officielles et privées, de programmes crées avec le soutien de l’usine, d’importateurs locaux, ou 100% indépendant. Le programme Porsche Penske LMDh n’en est que l’exemple probant, avec un développement mené par Porsche et Penske, une exploitation par Porsche et Penske et enfin des équipes privées telles que Jota, Proton Racing et JDC-Miller MotorSports, avec le même matériel que l’équipe d’usine (avec la Jota qui a tout de même mené les dernières 24 heures du Mans, c’est que ça roule). Cette stratégie était déjà en place de long terme chez Porsche, quand les Porsche System Engineering, Porsche Konstruktionen, Porsche Salzburg et autre John Wyer Automotive s’affrontaient. C’était à la fin des années 60, début des années 70. Récit.
Avec les 906, 907 et 908 et bien plus encore
Fin des années 60, Porsche engage ses modèles de compétition sous le nom de Porsche System Engineering (ou Porsche Engineering) et ce depuis 1957. Il s’agit là d’une équipe d’usine et les victoires sont nombreuses pour la marque de Stuttgart. Les pilotes maison -ou pigistes- sont alors Hans Herrmann, Herbert Linge, Vic Elford, Umberto Maglioli, Jo Siffert, Colin Davis, Rolf Stommelen… Du beau linge!
Illustrée ici, la victoire acquise lors de la Targa Florio 1968 par Vic Elford et Umberto Maglioli sur la 907K de Porsche System Engineering.

C’est la famille
En 1969, apparait une seconde structure, avec un statut semi-officiel, soutenue par Porsche Konstruktionen, le distributeur et importateur autrichien de la marque, installé à Salzburg en Autriche. Nommée Salzburg Porsche Konstruktionen, il s’agit de l’équipe de la famille Porsche, d’origine autrichienne, gérée et voulue par Ferdinand Piëch. Prêtés par la maison Porsche tout comme les quatre châssis, les pilotes Richard Attwood, Kurt Ahrens Jr., Vic Elford, Rudi Lins et Hans Herrmann forment l’équipe. Son nom abrégé devient Porsche Salzburg ou Porsche Konstruktionen. On notera le nom Porsche-Audi pour les manches américaines, à une époque où les deux marques sont proches sur le continent américain.
La vague bleu ciel arrive
Courant 69, l’Anglais John Wyer reçoit sa mission de la part du département compétition Porsche installé à Zuffenhausen. En 1970 et 1971, il fera rouler les Porsche en World Sports car Championship, avec le soutien de la maison mère. Avec entre autres l’objectif de la victoire aux 24 Heures du Mans, Wyer aligne ses 917K aux célébrissimes couleurs Gulf. Entre Porsche le John Wyer Automotive, l’idée est simple : Porsche développe les modèles de compétition, JWA les exploite.
Mais du côté de la famille Porsche et particulièrement chez Ferdinand Piëch (petit-fils de Ferdinand Porsche et membre dirigeant du département compétition de Porsche), qui avait joué un rôle déterminant dans le développement de la 917, on ne l’entend pas de cette oreille. En effet, l’Autrichien a en tête de faire rouler lui même ses nouvelles 917, sous les couleurs familiales de Porsche Salzburg.
C’est ainsi qu’à Daytona, pour la manche d’ouverture de la saison 1970, John Wyer voit arriver une autre 917K que les siennes. Blanche et rouge, aux couleurs du drapeau autrichien, avec “AUSTRIA” écrit en lettres capitales noires sur le fond blanc, la 917K du team autrichien ne passe pas inaperçue. Ferdinand Piech s’est engagé à Daytona avec Porsche Salzburg et on imagine l’ambiance entre les deux patrons, tout comme la tête de John Wyer, lui qui pensait avoir l’exclusivité de l’exploitation des 917K. Porsche en avait décidé autrement, il y aurait deux teams. Une histoire de famille.






Malheureusement pour Ferdinand Piëch, sa belle Porsche blanche et rouge ne voit pas l’arrivée. Qualifiés troisièmes, Vic Elford et Kurt Ahrens Jr. abandonnnt après 61 tours après qu’Elford ait été heurté par une voiture plus lente alors qu’il tentait d’éviter un autre incident (problème de réservoir d’essence). Et ce sont finalement bien les deux 917K Gulf bleues et oranges qu’on retrouve aux deux premières places des 24 heures de Daytona 1970.
Plus tard dans la saison, lors de la Targa Florio, alors que les deux équipes sont présentes avec quatre 908/03 (trois livrées Gulf différentes pour Wyer, une livrée blanche et rouge pour Piëch Porsche System), ce dernier demande à Elford de tester lors des essais la 917K. C’est un quasi échec, dont j’ai beaucoup parlé ici : Quand Vic Elford emmenait la Porsche 917K sur les petites routes siciliennes de la Targa Florio 1970. Le lendemain, la victoire revient à Wyer, Jo Siffert et Brian Redman.

Durant toute la saison, Porsche dominera l’ensemble des manches à l’exception des 12 heures de Sebring, remportées par Ferrari. Sept manches seront au crédit de John Wyer Automotive, deux pour Porsche Salzburg. Porsche Salzburg se rattrape tout de même en empochant la grande course de 24 heures de la saison : les 24 heures du Mans. Il s’agira là de la première des 19 victoires de Porsche dans la Sarthe.
Peu à peu à partir de l’année 70, l’entité Porsche Salzburg ou (Porsche Österreich) disparait au profit du Martini Racing, mais cela est une toute autre histoire… La naissance du Martini Racing.






Une réflexion sur “Porsche Salzburg, l’autre équipe Porsche”