Que les manufacturiers pneumatiques de la terre entière doivent être tristes à cette heure. Qui a détruit plus de pneus que Ken Block ? Ne cherchez pas, personne. Personne, personne non plus, sur la planète automobile n’est pas atteint ce matin. Le tyre slayer est mort, Kenneth Paul Block, dit Ken Block, est décédé cette nuit, dans un accident de motoneige.
Un pionnier, un mec à part, un visionnaire peut-être. Comme personnage, je me rappelle forcément de ses show organisés, ses vidéos ultra calculées, ses glisses incroyables. Il a créé un concept, une idée, un truc à lui. Il nous montrait ce qu’on voulait voir dans le sport automobile, mais qu’une vidéo promotionnelle bien foutue, bien montée nous montrait un peu mieux. Du show, des paillettes, du spectacle, de la glisse. Avec un seul de ses films, il aurait pu se payer une paire de rallyes et autres compétitions. Car oui, il était pilote. Comme pilote, je me rappellerai particulièrement de sa saison WRC 2010 avec la Focus WRC Stobart, puis de ses piges en mondial, 23 au total. Avec ses lunettes bien posées sur le nez, ses casquettes bien vissées sur la tête, ses couleurs flashies et ses décorations de voiture à nous faire perdre un dixième à chaque œil. Peut-être pas le plus rapide, peut-être pas le plus fiable, peut-être pas le pilote parfait, mais quelle gueule, quelle présence, quel sourire. Il ne passait pas inaperçu, et c’est sans doute pour cela qu’on l’aimait.

Comme ambassadeur, il faisait le poids. J’essayais aussi ce matin de lister le nombre de voitures qu’il a eu. Je vais devoir m’y reprendre à plusieurs fois, tant les marques et les modèles sont nombreux, avec une dominance Ford bien sûr puis un partenariat plus récent avec Audi. A cela, les marques DC Shoes (qu’il a créé), Monster Energy, Hooningan, Ford et bien d’autres lui doivent un fière chandelle. Le concept de Block était léché et cela fonctionnait.
Comme père, je pense à sa fille Lucy, qu’il poussait et soutenait dans sa passion de l’automobile. Comme ami, je pense à son copilote Alex Gelsomino, dont je me régale de ses caméras embarquées, aux notes dites en anglais, avec un accent italien. Un régal. De la tristesse et des souvenirs, il emporte aussi avec lui son numéro 43, qu’il étrennait partout. RIP Ken Block, comme un Colin McRae, tu n’aurais pas pu mourir dans ton lit. Tu manqueras, que ton dernier voyage soit doux.

