1929, la première édition du Grand Prix de Monaco va avoir lieu. Le circuit est tracé, passant par les plus beaux lieux de la Principauté. Le casino, la gare, le port. L’hôtel Beau Rivage, L’église Sainte-Dévote, l’opéra et l’hôtel Mirabeau. Les lieux se confondent avec les noms de virages et vice & versa.
L’hôtel Mirabeau donne ainsi son nom à deux virages, Mirabeau haut et Mirabeau bas, la dénivellation naturelle de Monaco aidant bien à leurs qualifications “haut” et “bas”. Ainsi, le virage “haut” surplombe véritablement le virage “bas”, dans une descente infernale lancée depuis le casino, qui se termine au virage du portier, avec entre deux l’épingle hyper serrée, hyper lente, le virage de la gare maintenant appelé l’épingle du grand hôtel.

Mirabeau ce sont donc deux virages mais aussi (et surtout) un bel hôtel. Avec les hôtels du Beau rivage, l’Hôtel de Paris et bien d’autres établissements emblématiques de Monaco, il représente à lui seul tout le luxe des grands hôtels monégasques. Hélas, il ne durera pas jusqu’à nos jours.
En effet, cet hôtel aura eu une vie tumultueuse. En 1922, 20 ans après son ouverture en 1902, il change de nom, passant de “Grand Hôtel de la Méditerranée” à “Hôtel Mirabeau”, du nom de Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, homme politique français et figure de la Révolution française.
En 1970, le sublime hôtel Mirabeau à l’architecture caractéristique disparait. Rasé, il va laisser à un Mirabeau nouveau, un hôtel de luxe au style impersonnel, un building de plus. Durant quelques éditions du Grand Prix de Monaco, les concurrents passeront d’ailleurs “Mirabeau haut” devant de laids panneaux gris cachant la construction en cours, avant la livraison du bâtiment au milieu des années 1970. Bien plus tard, en 2007, ce “nouveau Mirabeau” (cet immonde Mirabeau aussi) ferme ses portes et devient une résidence de luxe après trois ans de travaux.
Mirabeau reste ainsi Mirabeau, d’années en années l’hôtel aura évolué, mais les deux virages de Mirabeau n’auront, eux, jamais changé. Et me voici nostalgique d’une époque que je n’ai pas connu.
A très bientôt,
Jean-Charles
Mes remerciements à Jean-Paul Bascoul.

















