L’écriture d’un article prend du temps. Je cherche, je lis, je trouve un sujet qui colle à l’ambiance du magazine, j’axe, je cherche encore, j’écris. Puis je passe beaucoup de temps sur les photos qui illustrent mes billets. J’aime les chercher, les trouver, les trier, les organiser, les parcourir, trouver le détail de l’histoire ou le détail qui m’émouvra.
Cette fois, je me pose quelques minutes sur cette photo de 1958. Je l’ai trouvée dans mes recherches sur le circuit de Reims-Gueux et la F1 des années 50. L’obervant dans son détail, j’ai été marqué par le regard de Juan Manuel Fangio, faisant mine de fixer l’objectif du photographe.
Ce cliché est fou. On imagine la Maserati 250F lancée à pleine vitesse, Juan Manuel Fangio repérant Jesse Alexander et le fixant. Magnifique ! Il se peut aussi que le regard et l’objectif se croisent lorsque Fangio se retourne pour jeter un œil sur ses concurrents ou pour lire une information panneautée en bord de piste. Dans tous les cas, l’instant est figé, la photo marquante.
Tirée le dimanche 6 juillet 1958, sur le circuit de Reims-Gueux, au niveau de la tribune découverte de la ligne des stands, cette photo est l’œuvre du photographe américain Jesse Alexander.
Photographe émérite des années 50/60, Jesse Alexander parcourt les plus grands événements du sport automobile européen : 24 Heures du Mans, Targa Florio, la F1 à Reims ou Monaco, alors que l’un de ses premiers reportages photo n’est ni plus ni moins que la Carrera Panamericana 1953. Considéré comme un des plus grands photographes du genre, Jesse Alexander nous a quittés il y a quelques semaines, à l’âge de 92 ans. Que ce papier soit un hommage à son œil parfait.
Lors de ce Grand Prix de France 1958, l’Argentin Fangio classe sa Maserati à la quatrième place du Grand Prix, première Maserati. Engagé ici comme privé pour tester la nouvelle 250F, ce sera le 51e et dernier Grand Prix de Juan Manuel Fangio. Sachant sa retraite sonnée, et si Fangio avait fixé l’objectif d’Alexander comme un au revoir ?


Bonjour,
Tout d’abord, bravo pour ce site que je découvre et que je trouve très sympa. Cet article m’interpelle à plus d’un titre. Je suis en effet triste d’apprendre le décès de Jesse Alexander. J’avais été en contact avec lui en 2006, alors que j’étais en train de préparer mon livre “Grand Prix de France, un siècle en histoires.” J’avais repéré cette même image de Fangio et je voulais absolument qu’elle illustre le chapitre que j’avais prévu de consacrer au dernier grand prix du Maestro. Je la trouvais absolument parfaite comme photo d’ouverture ! Très gentiment, Jesse avait accepté que je l’utilise même si le tarif proposé par mon éditeur n’était clairement pas à la hauteur de l’image. Ça me fait plaisir de constater que je ne suis pas le seul à avoir été touché par cette photo. Bonne continuation.
Alain Pernot