Au cœur des années 20
Après la première guerre mondiale, l’Europe redémarre, les années folles sont là et le sport automobile entre dans ses années d’allégresse, les concurrents n’ont aucune crainte de mourir au volant de leurs bolides. La Targa Florio survit à la grande guerre, elle a maintenant 15 ans d’existence et a passé la dizaine d’éditions.
1925, Bugatti entre dans le jeu de la classique sicilienne. Dès lors en terres siciliennes, nous vivons cinq années de domination de la marque française, avec ses Type 35. Meo Costantini, Emilio Materassi, Albert Divo s’imposent ainsi de 1925 à 1929.
Pour aller chercher de telles victoires, une organisation quasi militaire était alors obligatoire. Une chose qui n’a d’ailleurs pas changé depuis, que ce soit en endurance, en F1, en rallyes. Les mécaniciens sont en position, fin prêts à s’occuper des bolides fumants, chauds et poussiéreux. Chaque pilote a sa place de garage précise, chaque mécanicien a sa tâche. L’Italien Fernando Minoia gare sa Bugatti sous le panneau où son nom est écrit en lettres capitales. On devine la peinture noire encore fraîche… Perché sur le tréteau de bois, un tonneau de bois, c’est la réserve de carburant, pour faire le plein de la Type 35, la gravité aidant à la tâche. Entre deux boucles, il faudra hisser un nouveau tonneau plein sur le tréteau, à plus de deux mètres de hauteur.
On fait le plein, vérifie les niveaux, change les pneumatiques s’il le faut. Tout est chaud, bouillant, suintant. Le pilote n’a que le temps de souffler, de boire une goutte d’eau ou de vin qu’il est déjà temps de repartir. On ne gagne pas une Targa Florio en traînant sous l’aqueduc du village de Polizzi Generosa, où est installée la dominante équipe Bugatti. La Type 35 est repartie pour un tour long de 108 kilomètres ou de 145 selon les années. Après Polizzi Generosa, les concurrents reprennent la route sur la SP643, direction Collesano, passant entre autres par le Bivio Polizzi, là où au beau milieu des montagnes des Madonies, était installé le ravitaillement des autos durant les éditions post Seconde guerre mondiale.
Et les mécaniciens patientent, se préparent, jusqu’au prochain passage d’une Bugatti bleue…
Le ravitaillement de Polizzi Generosa en images, années 20



Eliška Junková
C’est sous la plume de Jan Rambousek qu’on retrouve Eliška Junková sous les arcades de Polizzi Generosa. A l’aube du sport automobile, Eliška Junková est l’une des premières femmes pilotes. Accompagnant son mari banquier & gentleman driver Cenek Junek, elle partage avec son époux une rutilante Bugatti Type 35B jaune. Loin d’être mauvaise, Eliška se targue de pointer en tête de la Targa Florio 1928. Malheureusement, lors du dernier tour de cette édition 1928, un problème technique pénalise la pilote, qui se retrouve à la cinquième place finale, devançant un certain Tazio Nuvolari. Madame Eliška Junková. Et Albert Divo monte sur la première marche.
Jan Rambousek illustra de main de maître le ravitaillement de Eliška Junková lors de la Targa 1928. Sous les arcades de Polizzi Generosa, on découvre ainsi une scène incroyable, pleine de détails et prise d’un angle rare : du dessus, en plongée totale sur la Bugatti jaune, les mécaniciens, juges et spectateurs. Sublime.
https://www.behance.net/gallery/37630451/Bugatti-T35-Elizabeth-Junek-Bugatti-T35






Bugatti à la Targa Florio, le palmarès
1925 – Meo Costantini – Bugatti Type 35
1926 – Meo Costantini – Bugatti Type 35T
1927 – Emilio Materassi – Bugatti Type 35C
1928 – Albert Divo – Bugatti Type 35B
1929 – Albert Divo – Bugatti Type 35C
Et aussi

Le ravitaillement Bugatti sous les arcades de Polizzi Generosa, en couleurs par Adam Gawliczek

