Paris-Dakar 1986, les deux Porsche 959 tiennent les deux premières places du classement général, avec Metge et Ickx. Derrière, l’intendance Porsche Rothmans suit, avec la 959 de Roland Kussmaul, les Mercedes Classe G et les MAN KAT.
Sur l’étape qui relie Kiffa à Saint-Louis du Sénégal, les codes ont changé. Exit le sable des dunes, le Sahara, le Ténéré, on reprend des pistes. Aujourd’hui, entre Mauritanie et Sénégal, la spéciale du jour longe le fleuve Sénégal, la frontière qui délimite les deux pays et l’Afrique change de programme.
A un hectomètre d’un village, la surprise. Les voitures et motos ralentissent, glissent, s’enfoncent puis s’arrêtent. C’est le bourbier. La proximité avec le fleuve change la route, la piste. Les pilotes n’y comprennent rien, les copilotes sont bien démunis face à ce manque d’information dans leur road-book.

Les premiers concurrents sont stoppés par ce passage improbable, rendu impraticable par cette terre visqueuse gorgée d’eau. Les trois Porsche 959 se tankent, il faudra attendre l’aide de camions. Des motos disparaissent dans cette vase indescriptible et puante, qui colle aux hommes comme à leurs véhicules, aux châssis posés. On sort les pelles, on distribue quelques billets aux autochtones en échange d’un coup de main. Certains concurrents repartent, d’autres contournent, quelques uns y restent 24 heures et y perdent toute chance de victoire ou de classement bien placé.
Et ce bourbier n’est qu’à 15 kilomètres de l’arrivée de la spéciale… et à deux jours de l’arrivée du rallye. Qui a dit que le rallye était terminé et qu’il suffisait de dérouler jusque Dakar ? Un rallye n’est jamais fini avant de passer la ligne d’arrivée finale, les concurrents de ce 8ème Dakar s’en rappelleront…

Outre ce passage qui aura marqué les esprits d’une triste édition, quelques photos marquantes resteront, réalisées par Jean Guichard. La fois où l’ingénieur Roland Kussmaul aura dû sortir les pelles pour sortir sa Porsche de cette boue noire indescriptible. Des pelles plus prévues pour pelleter le sable du Sahara que la boue mauritanienne…
Pour découvrir l’intense vie de Roland Kussmaul, je vous invite à lire cet article en anglais, chez Porsche Road and Race : Roland Kussmaul.
