Essai DS 9 E-TENSE 225 : Ich bin eine Berline

Essai DS 9 E-TENSE 225 : Ich bin eine Berline

PARIS, PREMIÈRE

Je dois le dire, prendre le volant et essayer une berline comme la DS 9 fut pour moi un moment important. Depuis 5 ans, la marque française tente de rejoindre le haut du panier du premium automobile, il est donc temps de vérifier cela, pour moi qui n’ai jamais vraiment aimé le comportement dominant de la marque face à Citroën par exemple. J’ai le sentiment que DS a déshabillé Citroën pour des fins purement marketing et cela me dépasse totalement. Les mots sont dits, le décor est planté, il est temps de découvrir DS 9.

DIMENSIONS

Fondamentalement statutaire, DS 9 se place dans la moyenne des grandes routières prémium. Avec sa longueur de 4m93, sa largeur et de 1m93, sa hauteur de 1m46 et son bel empattement de 2m90, elle se glisse facilement dans la cour des grands. DS 9, c’est la petite dernière, c’est celle qu’on ne connaît pas mais qui se place sans gène, qu’on remarque parce différente. Elle est une Volvo, une Saab, une Lexus peut-être. Vous voyez ?

DS 9
4 934 mm L x 1 932 mm L x 1 460 mm H

Audi A6 & Audi A6 Avant
4 939 mm L x 1 886 mm L x 1 457 mm H

Mercedes Classe E
4 920 mm L x 1 850 L x 1 470 mm H

BMW Série 5
4 936 mm L x 1 868 mm L x 1 467 mm H

Alfa Romeo Giulia
4 639 mm L x 873 mm L x 1 426 mm H

Tout en longueur, DS 9.

CHROME NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR

Avec ses 4m93, DS 9 est dans le cadre de sa concurrence que sont les Mercedes Classe E, BMW Série 5 et Audi A6. La Mercedes est la plus vendue du secteur, la BMW a reçu un restylage en milieu d’année 2020 et l’A6 Audi a été lancée en 2018. Entre deux, le restylage de Alfa Romeo Giulia est intervenu en 2019. DS 9 est donc la jeune nouvelle.

Les codes DS sont rapidement repérables à l’observation de la berline. Bien qu’étant marque nouvelle ou presque, ses formes géométriques sont maintenant devenues caractéristiques et repérables, avec une belle présence de chrome, comme d’un sabre de capot. Sous les feux avants, ce sont les DS Wings qu’on retrouve, déjà vues sur DS7 et DS3 crossback. Ces feux avants sont effilés, équipés de LED, et ce sont de sublimes diamants qu’on retrouve comme projecteurs. L’ensemble est du plus bel effet, qu’on dirait issu des ateliers de Mauboussin.

Détail : face avant.

On peut parler de la face avant. Si pour certains ces grandes routières sont plutôt classiques, je pense par exemple à Mercedes et Audi qui font rarement évoluer leurs design, j’avoue volontiers apprécier la face avant de la DS 9. A titre de comparaison, la face d’une de ses plus fortes rivales, la BMW Série 5, a elle aussi un très fort caractère, assumant haut et fort sa calandre aux gros haricots. Tous les goûts sont dans la nature, et on ne pourra pas reprocher à DS de copier-coller la concurrence. Dont acte.

A l’arrière de la berline française, le constat de l’avant se fait. Les feux arrière sons tout en longueur, les formes géométriques sont toujours présentes, avec entre autres un hommage à la DS originale. On y retrouve les cornettes, qui sur la première DS affichait les clignotants. Cette fois, ce sont les feux de position qu’on retrouve. Dommage de ne pas avoir joué la carte replica un peu plus osée. Plus loin sur les portes, nous trouvons des poignées affleurantes. Le chic, les clés en poche, les poignées vont et viennent, se présentant à nous. C’est beau!

Détail : les feux arrières.

ENTREZ, MADAME

“Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage…”

J’ai eu un flash en mettant au volant de cette DS 9. Un premier abord, nous sommes surpris par la charge de détails, de matières disponibles et affichées. Au second souffle, mon analyse a changé. J’ai semblé retrouver une ambiance d’intérieur de Facel Vega, mêlé à celui d’une DS19. Une verticalité face à nous, dans une belle abondance de chromes et de cuir, d’Alcantara. On notera un beau savoir-faire avec le Clou de Paris ou encore la sellerie façon Bracelet montre, dans une superbe cuir; mais je n’ai par exemple pas aimé le grainé du cuir recouvrant le tableau de bord. C’est un détail, d’autant que cette surface est pour le coup bien moussée. Au centre ce tableau de bord, ce n’est pas pour me déplaire qu’on retrouve une vraie montre, à aiguille, une BRM s’il vous plait. Tic tac comme avant. Sous cette montre rectangulaire, le bouton de démarrage de notre DS 9. Un endroit surprenant mais diablement attachant j’ai trouvé.

Du côté de l’ordinateur de bord, comme toute nouveauté, il faut du temps pour s’y faire et découvrir la multitude de menus et réglages disponibles. C’était ma première en DS moderne, il faut peut-être le dire. Et comme tous les constructeurs, j’ai l’impression qu’aucune analyse de l’expérience client n’a été faite. Ça reste toujours très techno, d’autant plus depuis que nous sommes passés dans l’ère du numérique. Il serait grand temps de penser client et non pas geek. Ceci étant, la barre de raccourcis sous l’écran est pratique. Et j’ai beaucoup aimé la molette de volume, très détaillée, telle un diamant. Elle se travaille horizontalement : intéressant. Tout le tableau de bord est d’ailleurs très horizontal.

ARRIÈRE TOUTE, ELLE A DU COFFRE !

A l’arrière, on se rend compte que c’est bien la place du patron et de la patronne. Façon limousine, les équipes de DS ont tout mis en place pour que les places arrières soient remarquables. Une fois assis, on se rend compte que la place aux genoux est tout simplement exceptionnelle. Nous avons là une grande facilité de confort, et c’est autre centre de la banquette arrière qu’on retrouve un énorme accoudoir, depuis lequel on retrouve l’accès aux réglages des sièges, qui sont massants, ventilés et chauffants. On retrouve aussi un rangement à smartphone et plus loi sur la console, on retrouve l’accès à climatisation pour les passages arrières. J’avouerai que c’est le luxe et on se prendrait bien pour un grand patron. J’ai d’ailleurs adoré la contre-porte en cuir.

Pour conclure la partie arrière, passons au coffre, qui assure un volume de 510 litres, peu importe le modèle, peu importe la finition. En effet, il n’est pas rare de voir les volumes de coffre varier en fonction des énergies choisies, thermiques ou hybrides. Ici, pas de changement, avec un grand coffre : tout l’avantage d’une grande berline, bien que nous n’ayons pas beaucoup de hauteur pour charger nos affaires. A noter que les batteries sont situées entre le coffre et la banquette arrière.

SOUS LE CAPOT

Le grand bouleversement de cette DS 9 se fait sous le capot. Elle casse les codes de la grande routière, remettant possiblement nos habitudes en question. Cette fois, ce sera du 100% essence. Exit le diesel, c’est l’abandon du gasoil. Ce choix est fort et osé, il faut le dire. Avec cette option énergétique, bien influencée par les normes WLTP, DS met un peu de côté les ventes aux entreprises, habituel réservoir de ventes de berlines et routières… diesel. Peut-être ce choix influencera les entreprises, vouées au changement. Un choix possible, guidé par les trois moteurs hybrides.

Dans les choix moteurs, on a donc des motorisations hybrides et essence. Côté hybride, trois moteurs : 225 chevaux, 250 chevaux et 360 chevaux. Ce dernier équipera la DS 9 équipée de quatre roues motrices. Côté des essences, c’est le moteur Puretech 225 chevaux qui est disponible. Pour clôturer ce chapitre technique, DS 9 n’est équipé que de boîtes automatiques.

Les automatismes, DS 9 en est plein. Modèle de son temps, de son époque, elle est donc équipée d’un grand nombre d’aides à la conduite. On retiendra particulièrement la vision nocturne par infrarouge, la détection d’inattention du conducteur et le ParkPilot, assistance au parking qui passe un cap ici, prenant en charge l’intégralité de la manœuvre.

ON PREND LA ROUTE

A bord de DS 9, la mise en route se fait rapidement. Elle est exclusivement disponible en boîte automatique, chose qui devient plutôt normal aujourd’hui, surtout sur ce créneau de clientèle. Une fois le levier de vitesse bien compris, (j’ai mis un peu de temps sur le long de la journée), tout va bien. Tout tombe bien en main ou presque, parce que par exemple, les palettes, derrière le volant sont juste impossibles à attraper et se montrent plutôt inconfortables à l’usage. Je ne comprends pas ces choix. Bref, levier sur DRIVE, j’accélère et lâche doucement la pédale de frein.

Rapidement dans cet essai, je me rends compte que quelque chose ne va pas. Je n’entends pas le son du moteur, je n’entends pas la route, je n’entends pas l’extérieur. Et rapidement, je me rends compte qu’au contraire, tout va bien. Je suis très rapidement surpris par le silence et le confort global de la voiture. J’essaie beaucoup de voitures en mode confort, c’est pour moi la réglage de base, ou le plus usité au quotidien. Ici, peu importe le mode, le confort et le silence sont de rigueur et je me dois de féliciter les équipes de DS.

Du coté moteur, notre moteur 225 hybride est pas mal, bien qu’il manque un peu de vie à bas régime. J’ai l’impression de trouver un moteur turbo des années 80, quand le turbo mettait quelques secondes à monter en pression et à libérer les chevaux. C’est un détail sur lequel je tique un peu car il me parait important d’avoir de la puissance tout de suite, à bas régime. Ceci étant, ce souci ici rencontré disparait bien vite, une fois les habitudes prises et DS 9 se montre bel et bien une monstre de confort et de volupté. Car oui, c’est la volupté que je retiendrai ici. Le confort est incroyable et je demanderais bien quelques jours d’essais pour un essai long terme, avec des centaines de kilomètres à faire, je suis certain que je ne serais pas spécialement fatigué une fois arrivé à bon port. Il en est de même en ville, avec une direction incroyable douce.

Et si c’était ça le luxe ? Car oui, DS 9 se pose depuis toujours comme une voiture bel et bien luxueuse et française, une belle et grande routière comme notre pays sait bien les faire, les concevoir. DS 9 est maintenant le porte-drapeau français de cette catégorie des grandes routières, mêlant un incroyable confort de vie à bord, une circulation des plus faciles et un ensemble d’accessoires venant tutoyer la classe allemande. Bravo.

DS 9 NE FERA PAS LE BREAK

C’est sûr, DS 9 ne sera pas disponible en break, seule la berline représentera la dynastie 9. Un choix que je trouve vraiment dommage et que je ne comprends pas. Pour moi, un modèle de ce statut doit avoir son break, comme une berline, il doit représenter sa marque, son modèle, sa position.

Avec ce choix, j’ai encore une fois peur que cette DS 9 perde la dimension ventes aux entreprises. Nous verrons. Ceci étant, ce choix est dû à l’internationalité du produit DS, qui veut plus mondial que franco-français. La France est ici comme vecteur de vente et non une destination de vente.

A noter que notre DS 9 est construite sur la plateforme EMP2, commune à la Peugeot 508, qui, elle, a droit a sa version break, et même PSE break. La chance ! J’y vois là une main-mise de Stellantis sur la catégorie break, et il en est de même pour Citroën, qui n’a pas le droit aux breaks. Dommage. Si vous souhaitez un peu de volume de chargement, il vous faudra passer au DS 7 et je ne comprends définitivement pas ce choix.

DS 9 aurait pu m’intéresser personnellement si elle avait été disponible en break…

Tarifications

DS 9 PERFORMANCE LINE + PureTech 225 Automatique : 47 700 euros
DS 9 RIVOLI + PureTech 225 Automatique : 51 700 euros
DS 9 PERFORMANCE LINE + E-TENSE 225 : 55 000 euros
DS 9 RIVOLI + E-TENSE 225 : 57 900 euros
DS 9 PERFORMANCE LINE + E-TENSE 4×4 360 : 66 500 euros
DS 9 RIVOLI + E-TENSE 4×4 360 : 69 400 euros

Conclusion

Après deux SUV, DS 3 crossback et DS 7 crossback, DS prend enfin la route des berlines, historiquement ouverte par Citroën. La lignée des C6 1928, Traction Avant, DS, CX, XM et C6 2006 est bien assumée, posant son modèle comme référence. Une véritable fratrie, et si DS a officiellement pris congé de la marque aux chevrons, l’hérédité et le savoir-faire ne s’effacent pas.

Par définition, une berline est allemande, car oui, si vous ne le saviez pas, la berline est à l’origine une voiture hippomobile construite à Berlin au XVIIIème siècle. D’où le nom de berline! Est-ce pour cela que les marques automobiles allemandes ont prises un tel leadership sur cette gamme ? Bien possible.

Toutes les marques de tous les pays ont des berlines dans leurs gammes et il était normale que DS ait enfin une berline dans son offre. On l’entend donc, dans une concurrence très teutonne, façon JFK, Ich bin eine Berline. La gestation fut (très) longue, mais DS 9 est bien née, avec un petit quelque chose en plus. Nous n’achèterons pas de DS 9 comme une autre voiture. Si les Allemandes jouent la carte de la sportivité, de la rigueur, DS joue elle la carte du confort. Et à ce jeu là, c’est carton plein.

Bonne journée,
Jean-Charles
@jeancharleshuv

LA PHRASE AUTHENTIQUE

Et JFK, grand collectionneur de DS 19 et DS 21, de dire “Ich bin eine Berline”

DS 9 EN IMAGES

3 commentaires

  1. Peaulau

    C’est plutôt bien écrit ! Mais dommage le ton est parfois trop promotionnel et gagnerait à être plus neutre, tout en gardant le style que l’on devine !

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