Opel Corsa-e Rally : devrons-nous passer par elle ?
Depuis toujours, je suis avec passion l’actualité du rallye. Cette compétition automobile me passionne véritablement. Voir ces autos dévaler les montagnes, filer dans la campagne, se faufiler à travers les arbres m’a toujours fait rêver. L’image est là, qu’en est-il du son ? Il est pour moi indissociable du rallye automobile. Celles et ceux qui ont vécu une nuit du Turini, une soirée au Condroz peuvent en témoigner. Le lien entre ce qu’on voit et ce qu’on entend, combiné à ce que l’on ressent, est incroyable.
Mais le monde évolue. Par définition, le sport automobile devance ou suit l’actualité automobile, son industrie, ses ventes, sa tendance. Depuis une dizaine d’années, l’automobile électrique vit sa naissance qu’on a bien attendu. Depuis toujours, l’électrique est un serpent de mer de l’automobile. La Jamais Contente, première voiture électrique à avoir dépassé les 100 kilomètres/heure était électrique, en 1899. Plus d’un siècle plus tard, on ne peut pas dire que des évolutions ont été transcendantes du côté du voltmètre, le pétrole ayant largement occupé l’espace. Aujourd’hui, l’électrique semble enfin prendre la tendance, dans la série. Mais qu’en est-il de la compétition ?
La compétition évolue elle aussi. Il faut le dire, l’électrique n’a pas spécialement sa place dans le monde de la compétition, hormis avec la Formula E. Ailleurs, l’électrique à 100% peine un peu. Le Trophée Andros a montré l’exemple, mais pour quel exposition médiatique, et quel niveau de compétition ?
A l’inverse, l’hybride a lui largement fait sa place, particulièrement en endurance, et en F1. Et si l’électrique a encore du chemin à faire, les technologies avancent bien et les compétitions évoluent. Pour preuve, la FIA créait il y a quelques années le FIA e-rally regularity cup, une compétition européenne mêlant rallyes de régularité et voitures électriques. Une discipline nouvelle et innovante, véritablement intéressante et disputée sur routes ouvertes puisqu’utilisant des véhicules de série, dans des limites de vitesse adaptées au code de la route.
Vainqueur en République Tchèque du Rallye Cesky Krumlov FIA Czech New Energies Rallye 2019, rallye comptant pour cette coupe “nouvelles énergies et régularité”, j’ai découvert là une nouvelle compétition, mêlant rallye et cartographie, régularité et travail au road-book. Une discipline dans laquelle j’ai pu retrouver l’essence même de ma discipline favorite qu’est le rallye mais aussi découvrir un nouveau jeu qu’est celui de la régularité et de la consommation, ou plutôt de l’économie d’énergie. Je dois avouer que mon compère Alexandre m’avait alors bien guidé. Lui au volant, connaissant bien les règles du jeu, moi à ses côtés comme copilote, avec mon expérience du rallye, du road-book et de la lecture des cartes, notre duo avait fait bon ménage. J’y avais redécouvert le rallye, en découvrant une nouvelle discipline, loin du rallye classique, disputé à hautes vitesse sur de petites routes asphaltées et chemins de terre. Pour résumer grossièrement, nous étions en course comme lors de reconnaissances constantes, avec un métronome et un chronomètre à respecter.
De ces disciplines opposées mais tellement proches, je pense qu’il faudra faire un choix. Il faudra choisir cette discipline de régularité ou le rallye classique. Ce dernier pourrait être à la sauce électrique, mêlé au rallye dit normal, le thermique, avec des catégories distinctes bien sûr, mais dans un classement général commun. Car rallye classique ou rallye de régularité, ces deux disciplines sont proches mais bel et bien différentes. On joue toujours avec le chronomètre, on joue juste différemment avec lui, tout comme on jouerait d’énergies différentes.

L’exemple Stellantis
Au jeu des énergies, le groupe Stellantis a bien compris les choses. Par sa Plate-forme PSA CMP, le groupe franco-italien aux multiples ramifications européennes et internationales a su créer bien des modèles. On notera les Peugeot 208 et 2008, DS 3 Crossback mais aussi Opel/Vauxhall Corsa F et Mokka, sans oublier Citroën C4 III. Sur cette base CMP, le groupe a su créer de nombreux modèles ayant les mêmes bagages techniques tout en croisant les énergies, une prouesse technique incroyable! Ainsi sont nées les Peugeot 208, Peugeot e-208, Opel Corsa et Opel Corsa-e. Une capacité remarquable des techniciens du groupe, qui n’est pas mal tombée pour d’autres techniciens du groupe mais d’un département différent, ceux de PSA Motorsport. Pardon, de Stellantis Motorsport.
En effet, les ingénieurs du département compétition du groupe ont ainsi pu multiplier les modèles de compétition, mutualisant leurs efforts car utilisant la base CMP sur plusieurs marques. On a donc pu voir apparaître la Peugeot 208 Rally4, cousine de l’Opel Corsa Rally4, elle même sœur de l’Opel Corsa e-Rally. Une même base civile, une même base compétition pour trois voitures de course et deux énergies et technologies différentes. Nouvelles prouesses, quand on connait la montagne de complications que représente une voiture de course. La 208 Rally4 et la Corsa Rally4 fonctionnant à l’énergie fossile (du bon vieux sans plomb), familières de l’Opel Corsa-e Rally, qui comme son nom l’indique fonctionne à l’électricité, et pousse ma curiosité d’ailleurs.
Premiers essais
L’an dernier, les premiers tests de cette Corsa-e Rally eurent lieu en Allemagne. La vidéo est à découvrir juste ici dessous. On y découvre les premiers kilomètres de cette Corsa-e Rally hors des terrains d’essais de la marque. D’un point de vue design, la gémellité avec la 208 n’est pas à remettre en question et c’est au niveau du son et de l’image qu’on remarque les différences. Sans son mais avec un comportement de rallycar, on découvre aussi une voiture débordant de couple, une habitude de l’électrique vous me direz. Elle m’intrigue et j’aimerais vraiment me glisser à bord de cette Corsa-e Rally, à la droite d’un pilote en qui j’aurais totale confiance, pour voir, pour savoir, pour découvrir les sensations à bord de cette voiture de rallye extraordinaire. Quelles sont les sensations ? Nos repères sont-ils changés ? Tant de questions auxquelles je n’aurais pas de réponse, à moins qu’Opel ne m’entende ? Je suis prêt, j’ai la combinaison, le casque, le Hans. Le temps de trouver un carnet à spirales, je suis prêt, je suis là, je m’interroge.
C’est là que me vient la question : devrons-nous passer par là ? Devrons nous passer par elle ? Je pense que oui. Depuis toujours, la compétition automobile a suivi l’industrie automobile, ou l’a précédée d’ailleurs. Il va falloir qu’en globalité, le sport automobile change et qu’il devienne électrique, ou hybride, avec des compétitions évoluant elles aussi, avec ces énergies et mécaniques modernes.
Je ne dis pas que la compétition actuelle est morte, non, mais elle sera à n’en pas douter différente à l’avenir. A ce sujet, le magazine AutoHebdo publiait d’ailleurs il y a quelques mois un excellent dossier sur les carburants de synthèse, au titre évocateur : Carburants de synthèse : le sport automobile thermique est-il sauvé ? On ne peut faire plus clair.
Semaine dernière, les collègues, confrères et amis du GDB publiaient un essai de la ERC 140, une géniale barquette 100% électrique (voir en fin d’article). A en écouter les commentaires de Saad, cette ERC, pour Electric Racing Car, est une véritable voiture de course. A l’image, elle en a le comportement, c’est sûr, et la gueule aussi! Et peut-être va-t-il falloir changer nos apriori car on retiendra par exemple une accélération de 0 à 100 km/h mesurée à 3.8 secondes, une vitesse maximale de 240 Km/h, pour une puissance 190 Cv / 140 kW pour une poids sur la balance de 890 kg. Qui a dit qu’avec des données pareilles ce n’était pas une voiture de course ? Revoyons nos standards !
L’électrique ne nous plait pas ? Il va falloir s’y faire. Rappelons que le record de la montée de Pikes Peak est aujourd’hui détenu par la Volkswagen I.D. R Pikes Peak, prototype 100% électrique alors emmené par le Français Romain Dumas. Alors, que dire ? Au pire, il nous reste les rallyes historiques et les rallyes cartographiques. Et si je me trompais ? Toyota, Ford et Hyundai ont validé leurs investissements dans la technologie hybride en WRC, alors pourquoi pas ? Dès 2022, ces trois marques et équipes seront présentes avec des modèles hybrides, leurs engagements tenant jusque fin 2024. Un nouveau WRC arrive donc pour trois ans. Le temps de voir, d’apprendre, de s’habituer et peut-être bien de se rassurer.
D’autres compétitions et modèles de compétition vont aussi voir le jour, c’est certain. La Formula E en est un bel exemple, même si je ne porte pas spécialement cette discipline dans mon cœur. Je ne comprends toujours pas l’intérêt. Alors oui, peut-être suis-je inquiet mais le futur pourrait tout à fait être beau. Beau, je pousse peut-être, mais du moins il serait innovant. Voyez comme je change, je vieillis, je m’assagis.
Et les débuts de l’Opel e-Rally Cup sont prévus les 7 et 8 mai prochains lors du Rallye Sulingen. Un moment historique, d’autant qu’elle se battra face aux modèles thermiques. Passation de pouvoir ?
Bien le bonjour chez vous,
Jean-Charles
PS : aux équipes d’Opel Motorsport et Opel France, je suis disponible pour un essai, je ne plaisantais pas 🙂
En images
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En vidéos
Calendrier ADAC Opel e-Rally Cup 20211
7-8 mai : ADAC Rallye « Rund um die Sulinger Bärenklaue
28-29 mai : AvD Sachsen Rallye, Zwickau
11-12 juin : ADAC Rallye Stemwede
14 août : Rallye Oberehe, Hillesheim
27-29 août : Barum Czech Rally Zlín
18 sept. : ADAC Rallye Hinterland, Dautphetal
2 oct. : ADAC Wartburg Rallye, Eisenach
15-16 oct. : ADAC 3-Städte Rallye, Freyung
EDIT du mardi 27 avril 2021, 23H00
Ford et MSport sortent pour la première fois leur Ford Fiesta Rally1 Hybrid WRC 2022, avec Matthew Wilson au volant. Vidéo par [Passats de canto].
Une réflexion sur “Opel Corsa-e Rally : devrons-nous passer par elle ?”