Tetsu Ikuzawa nait en 1942. Fils de l’artiste peintre Rou Ikuzawa, il se consacre tout d’abord à l’art, études et diplôme d’art. Rapidement et une fois diplôme en poche, Tetsu se consacre à sa passion, les sports mécaniques, participant tout d’abord à des courses motos fin des années 50.
Ses talents de funambule font qu’il passe rapidement à l’auto, puis il devient pilote officiel Nissan, quand il rejoint l’équipe Prince Auto Co. Nous sommes là dans la grande époque des Nissan Skyline en tourisme, et le pilote se classe deuxième du premier Grand Prix du Japon, en 1963. Il pilote alors une Skyline Sport GT et face aux Porsche 904 GTS, la légende des Nissan Skyline en Grand tourisme japonais s’écrit. Tetsu devient une véritable star au Japon. Une légende qui tient toujours aujourd’hui, pour la Skyline comme pour Tetsu.

1967 est une année entre vieux continent et empire du soleil levant pour Tetsu. Il quitte le Japon pour l’Europe et le Royaume-Uni précisément, terre des sports mécaniques. Il s’y installe. Cette année là, il remporte la F3 series britannique, une première pour une pilote non européen, mais garde tout de même un pied au Japon.
Vient alors un nouveau fait d’armes dans sa carrière. Au volant de la Porsche 906 Carrera 6 engagée par l’importateur Porsche Mitsuwa Cars, Tetsu Ikuzawa remporte ce qui sera sa plus grande victoire : le Fuji Grand Prix Japan, disputé sur le circuit Fuji International Speedway, qui passe à l’époque par le banking. Ici, Tetsu passe un nouveau cap important, il a 25 ans.






Retour en Europe, direction l’Allemagne et le Nurburgring Nordschleife. Là, lors de l’ADAC 500 km Rennen auf dem Nürburgring 1967 (autrement dit les 500 kilomètre du Nürburgring), Tetsu Ikuzawa remporte la classe GT1.0 et se classe 11ème au général, au volant de sa puce Honda S800. Tetsu sort du lot à nouveau.

A 26 ans à la suite de ces performances de Fuji ainsi que des essais à Brands-Hatch (dont la date me reste assez flou), Tetsu Ikuzawa est confirmé par Porsche : il intègre le staff de la marque allemande. Il devient ainsi le premier japonais pilote Porsche, avec un statut pilote d’usine. Nous sommes en 1968 et c’est la véritable consécration. Aujourd’hui, en 2020, Tetsu Ikuzawa est encore à cette heure le seul et unique pilote japonais de l’histoire a avoir reçu ce statut de pilote officiel Porsche.
Sa première compétition avec ce statut prestigieux se déroule lors des 6 heures de Watking Glen, aux États-Unis. Avec Hans Herrmann et Jo Siffert, Tetsu Ikuzawa termine 6ème de la course. Le trio dispute alors la course au volant d’une Porsche 908 Coupe engagée par Porsche System Engineering, Ltd.
1971, on revoit Tetsu lors des 250 km du Fuji, sur Porsche 910 et quelques mois plus tard, il touche le graal de l’époque, alors qu’il dispute les Fuji Masters 250 km : il est engagé par Davis Piper sur la Porsche 917 K #010.
A la suite de cette belle période, Tetsu se fait plus rare, courant principalement au Japon, dans une semi-retraite, mais son histoire avec Porsche ne s’arrête pas là. Il collectionne les Porsche, les 911 et on le revoit en 1980 au Mans, sortant de sa retraite, engagé sur Porsche 935 Turbo Kremer. La belle Allemande ne verra pas l’arrivée : joint de culasse.
Son histoire avec Porsche, ne cessera jamais. Il y a encore quelques années, on le voyait encore parfois, sur les circuits, au volant de sa Porsche 911 de sa belle époque…

L’homme des premières
Premier pilote Porsche de nationalité japonais nous l’avons vu, Tetsu Ikuzawa est aussi le premier pilote japonais à disputer les 24 heures du Mans, avec son concitoyen Hiroshi Fushida. A l’heure où un pilote de la trempe de Kazuki Nakajima a remporté les deux dernières éditions des 24 heures du Mans, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Monter un programme pour disputer Le Mans était alors un exploit, une mission impossible.
Une mission relevée pour les Japonais Tetsu Ikuzawa et Hiroshi Fushida, suivis du Français Patrick Dal Bo. Ils s’engagent alors au volant d’une Sigma MC73, avec l’équipe nippone Sigma Automotive Co. L’aventure tournera court, quand l’embrayage cède… mais l’histoire était écrite.



Aujourd’hui, le Japon est fort de quatre victoires en terres mancelles, avec trois pilotes. Masanori Sekiya en 1995 (sur la fabuleuse McLaren F1 GTR), Seiji Ara en 2004 (avec l’Audi R8 Audi Sport Japan Team Goh) et Kazuki Nakajima en 2018 et 2019 avec Toyota. Le Mans a toujours une incroyable aura au Japon.
En tourisme, en F3, au Mans, ici en Europe ou au Japon, incontestablement, Tetsu Ikuzawa aura marqué l’histoire du sport automobile japonais, ouvrant la voie à bien des pilotes nippons. Il fallait bien rendre hommage à ce pionnier. C’est chose faite.
Arigatō Tetsu.
Jean-Charles
Des saucisses de Zuffenhausen avec des sushis sur 4 roues…
Merci JC